Curieux titre pour ce biopic décalé d’une grande star du 7éme art dont la beauté fut à la fois un don et une malédiction.
Pour les cinéphiles Ava Gardner, c’est 70 films en quarante ans de carrière : une petite étudiante en sténodactylo repérée très tôt par la Metro Goldwyn Mayer et qui en fit l’archétype de la femme fatale. Ava, c’est aussi trois mariages, un nombre impressionnant d’amants et une addiction à la fête et à la vie nocturne animée. Une actrice adulée, une icône inaccessible…
Le scénariste Emilio Ruiz choisit un court épisode de sa carrière qui la fragilise et la fait se remettre en question : lors de sa tournée pour présenter le film « La Comtesse aux pieds nus »à Rio de Janeiro, dans un contexte politique instable, la star reçoit un accueil éprouvant, et se retrouve au coeur de plusieurs controverses. La presse ne l’épargne pas et elle devra écourter son séjour ..
On suit avec plaisir ce séjour chaotique dans cette ville de rêve dont on découvre le côté obscur:pauvreté , corruption , chantage sexuel … L’actrice apparaît comme un personne complexe prisonnière de son image et de ses addictions , son entourage joue aussi un rôle central dans les péripéties de la tournée avec une mention spéciale pour Howard Hughes producteur mégolo amoureux fou de la star qui fait une apparition saisissante.
L’histoire qui peut sembler à prime abord anecdotique révèle une faille profonde chez l’actrice habituée à être adulée : son rôle dans le film devenu culte de Mankiewicz ( réédité chez Carlotta) est un miroir déformant de sa propre vie sous la forme d’un conte moderne à l’issue fatale …
Au dessin Ana Miralles autrice entre autre de la série Djinn avec Jean Dufaux est toujours aussi à l’aise pour dessiner de superbes héroïnes de papier : son Ava est à a fois sexy , humaine et fragile, sa pérégrination Brésilienne l’amène dans de somptueux paysages , réceptions et chambres d’hotel très bien mis en espace par l’autrice dont le style réaliste avec une belle gamme de couleurs emporte l’adhésion du lecteur qui finit par ressentir un forme d’empathie pour cette froide icône du 7éme art.
Un bien bel album qui met en abime le statut de Star entre ciel et terre , rêve et réalité ….