Festival Lumière 2018

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Encore un trés bon cru alors qui confirme la bonne santé du film de patrimoine avec la présence lumineuse de Jeanne Fonda et un marché du film classique qui prend de l’ampleur : cette 10éme édition sera amplement fêtée en 2019 . On notera la présence de films et documentaires Netflix autour de Orson Welles , Buster Keaton et Peter Bogdanovitch

On a aussi suivi avec intérêt la master class de Michel Ciment sur le métier de critique : une exigence d’ analyse et de références loin de la plupart des pseudos chroniqueurs de You Tube : à lire dans Positif tous les mois ….

Coup de coeur pour Bernard Lavilliers avec la master class animée par Thierry Fremaux dont je vous propose un montage : on découvre un cinéphile passionnant dont le 7éme art a inspiré bien des tubes

Voici enfn un florilége des films découverts :

They’ll Love Me When I’m Dead
de Morgan Neville États-Unis, 2018, 1h38, couleurs

Comment un film d’Orson Welles, The Other Side of the Wind, sur lequel il a travaillé près de quinze ans, a-t-il pu rester inachevé et invisible pendant plus de quatre décennies ? They’ll Love Me When I’m Dead – qui doit son titre à une confession d’Orson Welles à son ami Peter Bogdanovich – s’attache à reconstituer la genèse de ce film et plonge dans les quinze dernières années de la vie du cinéaste.  Grâce à des images d’archives inédites, des enregistrements audios, des interviews des équipes de l’époque et des proches de Welles (Peter Bogdanovich, Frank Marshall, Oja Kodar, sa compagne, ou Beatrice Welles, sa fille), Morgan Neville ajoute une nouvelle pièce à l’immense puzzle Welles, le dernier chapitre d’une des plus grandes carrières de l’histoire du cinéma. Au final plus intressant que le film lui même . On aimera toujours Orson ….

Le Syndrome chinois (The China Syndrome)
États-Unis, 1979, 2h02, couleurs (Metrocolor), format 1.85 
Réalisation : James Bridges

Un grand film contestataire toujours actuel : un curieux mélange de genre, à la fois film catastrophe, film politique et thriller. Il aborde deux thèmes, ici imbriqués : le risque nucléaire et la liberté de la presse. Détenteurs d’images explosives, les personnages de Jane Fonda et Michael Douglas sont contraints de ne rien diffuser, leur directeur de chaîne subissant des pressions de la part de la direction de la centrale. L’industrie nucléaire, aux mains d’une société privée, est partagée entre sécurité et profit. Un homme, interprété avec ferveur par Jack Lemmon (Prix d’interprétation à Cannes), est seul face aux institutions, seul face à la machine, seul face à un choix dramatique

Douze jours après la sortie américaine du film, un accident à lieu au sein de la centrale de Three Miles Island, en Pennsylvanie : un problème de refroidissement du cœur du réacteur, la définition même de la théorie du syndrome chinois. Le film obtient alors un grand succès au box-office.

La Ruée vers l’or (The Gold Rush)
États-Unis, 1925, 1h28, noir et blanc, format 1.33 
Réalisation& scénario : Charles Chaplin

Un classique du Burlesque mis en musique par l’ orchestre national de Lyon dans le superbe cadre de l’ auditorium : une fable sur la quête de la richesse avec plusieurs niveaux de lecture : Chaplin éternel amoureux filme avec poésie la misère et une possible rédemption de son alter égo anonyme.

La Ruée vers l’or décrit la lutte contre la faim, le froid, les éléments déchaînés de la nature, et plus encore contre la solitude, aggravée par les grands espaces enneigés. Chaplin va soigner sa photo : tout en se gardant de tout systématisme, il utilisera à merveille l’opposition des noirs et des blancs, le blanc (la neige) étant ici symbole de misère et de cruauté.

De ce travail est né ce chef-d’œuvre dont les plus belles scènes – la longue file des chercheurs d’or escaladant la Chilkoot Pass, la fameuse danse des petits pains (par ailleurs inventée par Roscoe « Fatty » Arbuckle en 1917)  ou la vertigineuse séquence de la cabane en équilibre – demeurent dans la mémoire de chacun… Un classique indémodable….

La Chatte
France, 1958, 1h48, noir et blanc, format 1.37 
Réalisation : Henri Decoin

Un film noir étonnant avec un Blier à contre emploi face à un nazi sadique déconcertant : Paris, 1943. Massimier, un résistant qui tente de correspondre par radio avec Londres, est tué par les Allemands. Son épouse, Cora (Françoise Arnoul), décide de prendre sa place dans son réseau. Sa première mission est une réussite : elle s’empare de documents importants. Mais un soir où un journaliste suisse (Bernhard Wicki) lui fait la cour, Cora succombe. En réalité, il s’agit d’un officier allemand, habitué des aventures galantes, mais qui, cette fois, s’éprend de sa conquête. Jusqu’à ce qu’on lui ordonne de livrer celle-ci, bien connue des services allemands sous le nom de « la Chatte »…

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Le cinéaste recrée avec La Chatte un univers noir et dépeint la France des années 1940 et ses dangers à tous les coins de rue. Il mêle intelligemment l’aventure et le drame intérieur, se détachant du contexte pour se concentrer sur ses personnages tourmentés, pris entre deux feux.

La Chatte est un grand succès commercial, ce qui amènera Henri Decoin à signer une suite, La Chatte sort ses griffes, deux ans plus tard.

Les Grandes Gueules
France, Italie, 1965, 2h08, couleurs (Eastmancolor), format 2.35  
Réalisation : Robert Enrico

Une belle histoire d’amitiés entre 2 hommes opposés dans un climat tendu qui évoque l’univers du western avec des moments d’action tendus …Parti à 20 ans faire fortune au Canada, Hector Valentin (Bourvil) revient dans ses Vosges natales où il a hérité de la scierie familiale. Mais l’entreprise est en ruine. Valentin se met à la tâche sans se soucier de son concurrent Therraz (Nick Stephanini), l’homme fort de la vallée. Il rencontre deux hommes fraîchement débarqués, Laurent (Lino Ventura) et Mick (Jean-Claude Rolland), qui décident de lui prêter main-forte. Ils lui conseillent d’embaucher des prisonniers en liberté conditionnelle…

Enrico et Giovanni offrent à Bourvil un nouveau visage, plus dramatique, qui le conduira jusqu’au Cercle rouge de Jean-Pierre Melville. Un film traversé par les thèmes chers à Giovanni : l’honneur, l’amitié fraternelle, l’affrontement, la vengeance. C’est une affaire d’hommes, le portrait de fortes têtes réunies dans une étrange collectivité…. Un souffle d’ aventure et de liberté rarement atteint dans le cinéma Français …

Le Livre d’image  
Suisse, France, 2018, 1h24, couleurs, format 1.77
Réalisation, scénario & montage : Jean-Luc Godard

Un curieux montage miroir de notre monde en crise où Godard joue au prophéte :dixit :« Rien que le silence, rien qu’un chant révolutionnaire, une histoire en cinq chapitres, comme les cinq doigts de la main. » : Remakes / Les Soirées de Saint-Pétersbourg / Ces fleurs entre les rails, dans le vent confus des voyages / L’esprit des lois / La région centrale, puis L’Arabie heureuse.Le film révolté d’un homme de 87 ans, narrateur, qui a parfois le souffle court, de son film.

Le Livre d’image, pourtant au singulier, rassemble toutes les images du monde, d’un monde en guerre depuis toujours. C’est aussi une réflexion sur le monde arabe, un film sur le chaos mondial, un discours d’urgence.

Jean-Luc Godard cherche depuis toujours à redéfinir ce qu’est le cinéma. Il transforme les fragments de matériaux bruts, les transfigure. Ici il expérimente particulièrement le son, Le Livre d’image s’écoute autant qu’il se regarde. Le film sera récompensé d’une Palme d’or spéciale par le jury cannois, adoubant un artiste sans concession.

Raining in the Mountain (Kong shan ling yu)
Taïwan, Hong Kong, 1979, 2h, couleurs, format 2.35 
Réalisation & scénario: King Hu

Aprés Touch of Zen encore un chef d’ oeuvre de King Hu :au XVe siècle en Chine, sous la dynastie Ming. Le temple de San Pao est un des monastères bouddhistes les plus renommés. Le bonze supérieur (Kim Chang-gean), âgé, cherche un successeur et invite des étrangers au monastère pour les consulter. Parmi eux, le seigneur Wen (Sun Yueh), riche fidèle du temple, le général Wang (Tien Feng), commandant en chef de la troupe militaire locale, et Maître Wu Wai (Wu Chia-hsiang), un sage bouddhiste érudit. Mais le seigneur Wen et le général Wang rêvent surtout de mettre la main sur le manuscrit inestimable du Mahayana Soutra…

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Dans ce film, sommet de son œuvre, King Hu l’érudit et le littéraire laisse exploser son sens de l’énigme et sa philosophie, tout en portant un soin infini à la plasticité de son film : de magnifiques combats filmés en décor naturel mais surtout un sens du cadre et de la lumière qui favorisent la contemplation : les longs panoramiques nous entrainent dans un envoutant labyrinthe dont on sort avec regret tant l’ art de illusion est habile …

One Day Since Yesterday (Peter Bogdanovich et le film perdu) (One Day Since Yesterday: Peter Bogdanovich & the Lost American Film)
États-Unis, 2014, 1h37, couleurs, format 1.85
Réalisation & photo : Bill Teck

Un beau documentaire nostalgique sur un réalisateur du nouvel Hollywood resté dans l’ombre de ses maîtres mais ayant réalisé quelques beaux films .

Et tout le monde riait… (1981) ébranla profondément la vie personnelle et professionnelle du cinéaste franc-tireur Peter Bogdanovich. Alors que son retour devait être triomphal, le meurtre, avant même la fin du montage, de l’actrice Dorothy Stratten par son époux et impresario Paul Snider, bouleverse tout. La comédienne, ex-playmate, avait tout juste 20 ans. Abandonné par son studio, Bogdanovich racheta son film à ses producteurs et au prix de nombreux efforts – et frôlant la faillite personnelle -, le distribua lui-même.

One Day Since Yesterday de Bill Teck s’attache ainsi à la seconde partie de carrière du cinéaste, loin du succès de La Dernière Séance. Il évoque avec pudeur un homme dévasté suite à la tragédie meurtrière. Mais aussi une véritable histoire de passion et de croyance dans le pouvoir du cinéma.

One Day Since Yesterday est aussi un hommage en creux aux films d’auteur des années 1970 et début 1980. Et tout le monde riait… n’était plus visible depuis longtemps, tel un joyau caché de la filmographie de Bogdanovich qui était finalement absent pour le présenter ( suite à un accident dans sa chambre d’ hôtel ..)

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