Boucq signe seul un diptyque digne de Jodorowsky absent cette fois çi (pour cause de tournage de la 3éme partie de son autobiographie ) ; les deux artistes complices depuis des années partagent le même goût pour l’ étrange et le merveilleux , ici le Western est transcendé par le côté archétypal des personnages et la cruauté des situations qu’ils traversent , mais ici point violence gratuite , la confrontation au mal fait grandir … Le Bouncer n’est plus le même physiquement et moralement , ce anti héros traumatisé et amputé retrouve au fil des épisodes une dignité perdue .

Au début de l’histoire il pensait couler des jours paisibles après s’être débarrassé de l’infâme Ugly John dans son pénitencier de Deep End. Mais il devrait savoir que la loi de l’Ouest est toujours impitoyable… À Barro City, l’horloger a été agressé et sa fille, Gretel, atrocement mutilée. En pourchassant les assassins, le manchot découvre que leur piste rejoint celle d’un trésor maudit au cœur du désert de Sonora au Mexique , un voyage éprouvant où il va être confrontés à des groupes de bandits et d’ amazones redoutables ….

Ce qui frappe encore plus ici c’est le silence de certaines cases , les paysages sont ici des personnages à part entière miroir déformés de la psyché des personnages qui se poursuivent sans trêve à la poursuite d’un chimérique trésor dont une enfant à la clef ..

On sort ébloui de ce conte de fée pleins de démons et de femmes amazones terribles : un nouveau mythe du Western est en route , sa tribu s’agrandit et notre plaisir de lecteur est toujours aussi grand ( et peut se régaler du documentaire «  La Journée » réalise par Avril Tembouret sur la fabrication d’une planche de ce diptyque)

http://www.glenatbd.com/bd/bouncer-tome-10-9782344009604.htm