Festival Lumière 2016

Posted on Posted in Festival Lumière, Festivals

Encore une riche édition couverte sur 5 jours avec les coups de coeur des  films superbement restaurés

et la toujours pimpante Catherine Deneuve

Rétrospective Carné : le Jour se lève ( 1939 1h 33)

Un chef d’ oeuvre de poésie tragique avec un des premier s flash back du cinéma Français .

Dans un immeuble parisien, deux hommes se querellent. La bagarre tourne mal : François (Jean Gabin) tue Valentin (Jules Berry). La police cerne l’immeuble et François doit se réfugier dans sa chambre. Allongé sur le lit, tandis que la nuit s’avance, il se souvient de sa rencontre avec Françoise (Jacqueline Laurent), de leur histoire d’amour…

Peu de temps après Le Quai des brumes, Marcel Carné avait signé pour un second film avec Jean Gabin. L’acteur avait acheté les droits de Martin Roumagnac, de Pierre-René Wolf, mais le sujet ne plaisait guère à Carné. Jacques Prévert, lui, s’attelait à écrire, non sans mal, une histoire de gangsters. Finalement, c’est grâce à la visite du voisin de Carné, le romancier et poète surréaliste Jacques Viot, que naît Le jour se lève.

Apogée du film de studio où tout est reconstitué, Le jour se lève touche au sublime grâce aux décors de Trauner. Afin de donner l’impression d’un homme muré dans sa chambre, le décor est constitué de quatre panneaux, équipe et comédiens devant emprunter porte ou fenêtre pour accéder au plateau, puis les passerelles du dessus, une fois la porte et la fenêtre condamnées par l’intrigue.

« Comme Le jour se lève serait impensable sans la musique, le drame se viderait de toute crédibilité sans le décor qui l’authentifie… Le réalisme de Carné sait, tout en restant minutieusement fidèle à la vraisemblance de son décor, le transposer poétiquement, non pas en le modifiant par une transposition formelle et picturale, comme le fit l’expressionnisme allemand, mais en dégageant sa poésie immanente, en le contraignant à révéler de secrets accords avec le drame. » (André Bazin, Ciné-club n°1, décembre 1949)

Rétrospective Buster Keaton : les courts métrages

Hommage au clown blanc qui ne rit jamais mais nous fait toujours rire : pas d’effets spéciaux : de l’audace , du talent et un immense amour du cinéma …

Quatre courts métrages afin de voir ou revoir les premiers films réalisés par Buster Keaton au sein de ses propres studios et de la Comique Film Corporation, avant qu’il ne se lance dans la réalisation de longs métrages. Au programme : un homme à la recherche d’un emploi, pris pour un tireur d’élite ; le rêve de spectacle d’une petite main du théâtre ; un chasseur de papillons devenant chef d’une tribu indienne et un amoureux éconduit avec un chargement de meubles volés sur les bras.

Entre 1920 et 1923, Buster Keaton réalisera près de vingt courts métrages. Dès les premiers titres, ce qui deviendra la signature de Keaton est déjà visible. Ses films ne sont pas une suite décousue de gags ne cherchant qu’à faire rire, tous alimentent l’action, construisent le récit. Jean-Pierre Coursodon souligne que dans Malec champion de tir, « les événements s’enchaînent avec logique en dépit de leur extravagance, et l’unité d’action, du moins au sens large, est respectée, contrairement à ce qui se passait dans la plupart des shorts Arbuckle. La poursuite finale est planifiée avec une précision et un sens du rythme extraordinaires. » (Buster Keaton, éd. Atlas L’Herminier).

Le célèbre court métrage Frigo Fregoli est un film plus onirique et insolite. Réflexion sur l’ambition d’omnipotence de certains artistes, il aborde la dualité rêve vs. réalité, à travers une incroyable mise en abyme (dédoublement, illusion, reflet…). Dans ce retour au music-hall où il a tout appris, Keaton s’impose comme un maître de l’illusion.

En 1922, le cinéma de Keaton opère un tournant quant à son positionnement sociétal. Jusque-là, Keaton avait rarement pris position frontalement. Avec Malec chez les Indiens, le cinéaste souligne l’immoralité des capitalistes seulement intéressés par le pétrole au détriment des richesses des territoires indiens. Une approche presque documentaire, complètement inédite.

Enfin, Frigo déménageur préfigure tout ce que deviendra Keaton : cadrages travaillés, calculs de trajectoire, numéro d’athlète et surtout une leçon de calme au sein d’une folie ambiante, tant de la part des hommes (les policiers ne sont pas sans rappeler le futur Fiancées en folie) que des objets. Le cinéaste Keaton est prêt à passer au long métrage !

Bertrand Tavernier nous fait voyager dans sa mémoire :

Ce passionné , cinéaste Lyonnais qui a touché à tous les genres nous livre une promenade subjective dans l’ histoire du cinéma qui lui a donné envie de devenir à son tour réalisateur .

Bertrand Tavernier réhabilite ici des cinéastes oubliés, livre toute son affection pour Becker, Melville, Sautet, Carné ou encore Gabin, souligne le contexte historique et politique des films, décortique une scène, détaille un mouvement de caméra, fouille dans les souvenirs de tournage, révélant le travail de création et d’expérimentation des auteurs du cinéma français.

Il déclare : « Ce travail de citoyen et d’espion, d’explorateur et de peintre, de chroniqueur et d’aventurier qu’ont si bien décrit tant d’auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n’est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l’on a envie d’appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de l’Atalante, à Duvivier, aussi bien qu’à Truffaut ou Demy. À Max Ophuls et aussi à Bresson. Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d’une scène ou d’un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. »

Hommage aux premiers films de Costa Gavras
Redécouverte d’un trés beau film de résistance tourné comme un western avec une pléiade d’acteurs qui deviendront célèbres ….
1943, dans les Cévennes. Un groupe de maquisards reçoit de Londres l’ordre de libérer douze résistants condamnés à mort et emprisonnés à Sarlande. L’opération, menée par Cazal (Bruno Cremer) et ses lieutenants Thomas (Gérard Blain) et Jean (Jean-Claude Brialy), est une réussite. Mais ce sont treize hommes, et non douze, qui ont été libérés…

Qui est cet homme de trop ? Un mouchard ou un prisonnier de droit commun ? Que faire de lui ? L’emprisonner ou l’abattre ? Le groupe de maquisards est confronté à un cas de conscience : peut-on exécuter un homme sans avoir la certitude de sa culpabilité ? D’autant plus que « l’homme de trop » reste un mystère : certes il est coopératif, mais il refuse la guerre sous toutes ses formes.

Avec ce film, Costa-Gavras s’empare de l’Histoire française. Le cinéaste souhaitait s’intéresser aux jeunes qui fuyaient le STO en Allemagne en se réfugiant dans les montagnes, où des résistants tentaient de leur apprendre à combattre. Histoire d’un cas de conscience, inspirée de faits réels (relatés dans le livre éponyme de Jean-Pierre Chabrol), où Costa-Gavras réunit Michel Piccoli, Bruno Cremer, Gérard Blain, Jacques Perrin et Charles Vanel.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *