FESTIVAL LUMIERE 2012 : le retour de Cimino

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La Porte du paradis (Heaven’s Gate)États-Unis, 1980, 3h39, couleur, format 2.20
Réalisation et scénario : Michael Cimino Photo : Vilmos Zsigmond Musique : David Mansfield
Interprètes : Kris Kristofferson (James Averill), Isabelle Huppert (Ella Watson), Christopher Walken (Nate Champion), John Hurt (Billy Irvine), Sam Waterson (Frank Canton), Brad Dourif (George Eggleston), Joseph Cotten (le Révérend Gordon Sutton), Jeff Bridges (John Bridges), Ronnie Hawkins (Wolcott)
Sortie aux États-Unis : 19 novembre 1980 Sortie en France : 22 mai 1981

En 1870, James Averill (Kris Kristofferson) et Billy Irvine (John Hurt) fêtent la fin de leurs études à Harvard. Ils se retrouvent vingt ans plus tard : James est devenu shérif du comté de Johnson et Billy un de ces gros éleveurs qui voient d’un mauvais oeil arriver les immigrants d’Europe centrale attirés par le rêve américain. Décidée à les combattre, l’association des éleveurs donne à des mercenaires une liste sur laquelle figurent ceux qu’ils devront liquider. Bravant tout sentiment de classe, Averill s’oppose à cette intervention…

La Porte du paradis a été initialement distribué en 1980 dans une version de 3h39 sur un nombre limité de copies 70mm. Le film a ensuite été réduit à une version de 2h29 qui fut plus largement distribué en salles, en 1981. Michael Cimino a créé cette version de 3h36, retirant les cartons et la musique d’entracte, ainsi qu’en modifiant quelques scènes. Toutes les corrections de couleurs, de même que la restauration de l’image et du son, ont été supervisées par Cimino lui-même.

La légende prétend que par son exigence, son ambition, et son échec au box-office,ce dernier a fait tomber à lui tout seul un studio hollywoodien – United Artists –, ce qui lui valut l’opprobre et un exil intérieur dont il n’est jamais totalement sorti. Pourtant, ce film au tournage dantesque et au casting prestigieux reste l’une des oeuvres les plus marquantes du cinéma américain des années 70.

Pendant cette période les enfants terribles du nouvel Hollywood des seventies ( Coppola, Scorecese , Hooper Altman..) inventaient l’avenir en questionnant le passé de la société comme du cinéma. Cimino a conçu son film comme le prélude du vingtième siècle américain.

L’arrivée des premiers colons irlandais en Amérique, leur exclusion de la nouvelle terre sainte, l’effondrement du rêve collectif tué par la violence de classe .. A une lecture marxiste un peu simple on peut préfère une lecture mythique plus complexe suggérée par le titre et l’ épilogue ou le ant héros se retrouve comme paralysé dans un bateau qui pourrait bien voguer sur le Styx fleuve des enfers …On assiste bien à un nouveau voyage au bout de l’enfer qui met cet fois à mal le rêve américain de réussite et d’intégration … un croisement entre la chute d’Icare et le voyage d’Ulysse.

Le shérif se dédouble dans le propriétaire terrien lâche et le mercenaire au grand cœur avec lequel il partage l’ amour de la prostituée romantique magnifiquement jouée par Isabelle Huppert ( présente pour présenter le film ) Le ton est mélancolique porté par la musique de david Mansfield et magnifiquement éclairé parle grand maître de la lumière Vilmos Zsigmond .

On est pas prêt d’ oublier la ronde des patins à roulettes, les paysages, la neige et la boue, l’irruption de l’Histoire, la valse des étudiants d’Harvard, la marche des peuples et la violence des armes.

Avec cette Porte du paradis qui l’emmena en enfer, Michael Cimino a signé son plus beau film qui paradoxalement lui permet aujourd’hui de renaître de ses cendres.

Voici  l’ hommage à Michael Cimino lors de la clôture …

et la présentation du film le Canardeur l’ année suivante

Renoir France, 2012, 1 h 51,de  Gilles Bourdos

Scénario : Jérôme Tonnerre, Gilles Bourdos, Michel Spinosa d’après l’ouvrage Le Tableau amoureux de Jacques Renoir Musique : Alexandre Desplat

Interprètes : Michel Bouquet (Pierre-Auguste Renoir), Vincent Rottiers (Jean Renoir), Christa Théret (Andrée), Thomas Doret (Coco), Michèle Gleizer, Romane Bohringer (Gabrielle), Carlo Brandt (le docteur Prat), Hélène Babu (Odette)
Sortie en France : 2 janvier 2013

1915. Sur la Côte d’Azur. Au crépuscule de sa vie, Auguste Renoir est éprouvé par la perte de son épouse, les douleurs du grand âge, et les mauvaises nouvelles venues du front : son fils Jean est blessé. Mais une jeune fille, Andrée apparue dans sa vie comme un miracle, va insuffler au vieil homme une énergie qu’il n’attendait plus. Éclatante de vitalité, rayonnante de beauté, Andrée sera le dernier modèle du peintre, sa source de jouvence. Lorsque Jean vient passer sa convalescence dans la maison familiale, il découvre à son tour, fasciné, celle qui est devenue l’astre roux de la galaxie Renoir. Dans cet éden méditerranéen, et malgré l’opposition ronchonne du vieux peintre, Jean va aimer celle qui, animée par une volonté désordonnée, insaisissable, fera de lui, jeune officier velléitaire et bancal, un futur cinéaste…

Renoir est le quatrième film de Gilles Bourdos, après Disparus (1998), Inquiétudes (2003) et Et après (2008). C’est l’ antithèse du dernier Haneke appelé trompeusement « Amour » ( car habité par la pulsion de mort qui traverse tous ses films mortifères ) : on assiste à une fin de vie et à une transmission du flambeau de l’art à travers un magnifique personnage de muse féminine :Andrée Heuschling qui sera, sous le nom de Catherine Hessling, le dernier modèle du peintre, puis l’égérie des premiers films du cinéaste : La Fille de l’eau (1925), Nana (1926) ou La Petite Marchande d’allumettes (1928).

Tourné essentiellement dans les jardins du domaine du Layol, au pied du massif des Maures et face aux îles d’Hyères, dans le Var, Renoir distille un double parfum de disparition (la vieillesse du vieux maître, la guerre qui ravage l’Europe et la mort qui rôde partout) et d’espoir (la jeunesse des héros, la beauté du modèle et l’avenir qu’ils ne laisseront pas passer).

Dans un film tourné en 35mm Bourdos retrouve la picturalité des impressionnistes ainsi que celle des Autochromes que les Lumière réalisaient à la même époque. : comme un peintre il capte la vie et la beauté dans la lumière de ses plans .

Alexandre Desplat met musique cette ode à la création par une bande son qui coule aussi bien qu celle de Tree of Life , discrète mais essentielle.

Un film sur la résilience à travers l’ art , un futur classique .

 

Les Misérables (France, 1933, 4 h 46, noir et blanc ) de Raymond Bernard

Scénario : André Lang, Raymond Bernard d’après Les Misérables de Victor Hugo
Production : Pathé-Natan

Interprètes : Harry Baur (Jean Valjean, Champmathieu, M. Madeleine, M. Fauchelevent), Charles Vanel (Javert), Florelle (Fantine), Josseline Gaël (Cosette), Jean Servais (Marius Pontmercy), Charles Dullin (Thénardier), Marguerite Moreno (la Thénardier), Orane Demazis (Éponine), Émile Genevois (Gavroche), Gaby Triquet (Cosette enfant), Max Dearly (Gillenormand), Henry Krauss (Monseigneur Myriel), Robert Vidalin (Enjolras), Paul Azaïs (Grantaire), Lucien Nat (Montparnasse), Georges Mauloy (le président du tribunal)

Jean Valjean, un ancien bagnard qui échappe aux gendarmes grâce à la bonté d’un évêque, décide de devenir honnête et de faire le bonheur de la petite Cosette, qu’il adopte. Il arrache ainsi la fillette au terrible couple d’aubergistes chez qui elle vivait, les Thénardier. Mais Valjean doit fuir devant le policier Javert qui le traque sans relâche…

La mise en scène de Raymond Bernard, les décors de Jean Perrier, la musique d’Arthur Honegger , la beauté et la gravité du noir et blanc restaurée tout cela concourt à faire de cette version de l’ œuvre d’ Hugo une des plus belle jamais vue ..Il y a de l’ étrangeté de l’ expressionnisme Allemand à la Murnau dans certaines scènes , le thème implicite de la lutte entre les ténèbres et la lumière est plus sensible Hugo croyait en l’ esprit , et l’ esprit souffle dans ce film ..Le principe d’un film composé de trois longs métrages (chacun adoptant un point de vue différent )nous apparaît très pertinent .Cette construction narrative, ainsi qu’un montage alterné audacieux, préserve la richesse du récit sans lui ôter de sa fluidité, et permet aux épisodes historiques et aux drames individuels de se faire écho en se valorisant mutuellement.Harry Baur campe un Valjean impressionnant de dureté puis de bonté : ce personnage est l’ archétype du héros qui traverse les ténèbres de son être pour atteindre un nouvel état de conscience qui ébranlera jusqu’au gardien de la loi qui le traque ( magnifiquement joué par Charles Vanel ) .

Charles Laughton dirige la nuit du chasseur USA 2002, 2h41, noir et blanc de Robert Gitt Wild Side Films

Tous les secrets du tournage, les rushes, les scènes coupées ou non intégrées d’un des plus grands films de l’histoire du cinéma… La Nuit du chasseur conte de fée moderne sur deux enfants orphelins tentant d’échapper à un pasteur diabolique qui en veut à leur héritage …Curieusement il n’y a pas, à proprement parler, de nouvelles séquences qui auraient été éliminées au montage mais les rushes sont très instructives pour comprendre la genèse de ce film maudit.En effet la mauvaise réception critique avait brisé le coeur de l’acteur cinéaste, et l’avait plongé dans une profonde dépression. Ce fut son unique film .L’ acteur Charles Laughton, entiché de D. W. Griffith à plus d’un titre,s’offrait le luxe des metteurs en scène du muet et parlait entre les prises sans jamais couper. On assiste donc  au tournage, avec ses indications et ses mimes et ses interventions au sein même des plans .

 

Me And Me Dad de Katrine Boorman (2011, 1h07)

Emouvant documentaire familial présenté par la réalisatrice fille du réalisateur anglais John Boorman qui prépare actuellement une suite à son autobiographie « Hope and Glory »

Portrait d’une famille déchirée mais pourtant encore unie par l’ amour du cinéma , ce documentaire nous éclaire un peu sur la personnalité du réalisateur grand amoureux de la nature et des femmes ..

L’ ombre d’une sœur décédée laisse entrevoir de profondes blessures que John va tenter d’ exorciser en renouant avec la caméra …

 

 

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