Film ovni dans la filmographie de Miller ce faux polar adapté d’un roman à succès de Marc Behm est une pierre noire dans le cinéma des années 80 avec ses deux versions qui témoignent des difficultés de la traduction des images souvent fortes et oniriques dans un montage cohérent.
Ce film honni par la majorité de la critique est le fruit d’une collaboration tumultueuse entre Miller et Michel Audiard ( qui collabore ici avec son fils Jacques qui par la suite deviendra le cinéaste que l’on apprécie) : les faiblesses et hors champs du scénario sont compensés par une mise en scène aérée et esthétisante avec une bande son de Carley Bley qui se fait de plus en plus lancinante.
Le film es devenu culte au dépit du cinéaste qui a galéré pour le mettre en scéne comme en témoignent les copieux bonus de cette réédition.
Le pitch est tiré d’un polar célèbre : l’Œil, détective privé au seuil de la retraite, parcourt l’Europe des palaces sur les traces d’une mystérieuse et fascinante meurtrière. Une complicité secrète s’installe entre l’homme mûr et la jeune femme. Elle est obsédée par le souvenir de son père, lui par la disparition de sa fille. Curieusement cette histoire trouve un écho dans la vie privée du scénariste et de l’acteur principal Michel Serrault qui ont tous le deux perdu un enfant : Miller s’accapare aussi l’histoire et tisse son fil narratif sur la fascination entre deux êtres que tout oppose et la disparition des être aimés.
On trouve trois bonus inédits fors instructifs : Marc BEHM par Frédéric MERCIER – critique cinéma à Positif , la musique de Carla BLEY par Olivier DESBROSSES – journaliste à Total. Trax et enfin une formidable interview pour la RTBF ou Claude Miller parle de sa relation aux acteurs ..
Ce film exerce sur le spectateur une forme d’hypnose , il fascine par ses zones d’ombres : l faux couple Serrault/Adjani fait merveille .
Film d’un grand tristesse ou deux marginaux se connectent pour aller au-delà de leur solitude , le film questionne la difficulté de faire famille dans un monde en deuil ou l’argent est roi , la filiation est en crise , on assiste alors à un long voyage vers la nuit , une long processus de deuil suggéré et accompagné par la BO Jazzy de Carla Bley qu’on oubliera pas de sitôt…
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