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Olivier Grenson surprend avec ce copieux roman graphique dont il a écrit aussi le scénario avec une belle sensibilité : une belle synthèse entre récit historique et rêve poétique.
L’ histoire commence en septembre 1940. Les bombes de la Luftwaffe ont laissé deux trous béants dans la vie d’Isaac : celui qui lui tient désormais lieu de fenêtre sur un Londres dévasté. Et celui qui, chaque jour, attire un peu plus son coeur vers l’abîme car sa femme Eva, elle, y est restée. Mais les retrouvailles devront attendre : au beau milieu du tumulte des sirènes, Isaac rencontre Mary, une petite fille évacuée qui ne retrouve plus sa famille. Pour elle, il devra réapprendre à rêver, à raconter un monde en couleurs.
La mise en image est très inspirée : le monde du conte apparaît comme une parenthèse colorée dans la grisaille du quotidien sans aucune mièvrerie mais avec un sens de la mise en page qui explose le gaufrier classique et le format traditionnel 42/6 pages ( on atteint 232 …)
Grenson a bien saisi l’essence des contes :il a maturé ce livre pendant 10 ans et cite en ouverture Henri Gougaud grand spécialiste de la question :son enjeu narratif réussi est d’ancrer un conte lié à la symbolique de l’ arbre de vie dans le réel en lien avec un épisode marquant de la seconde guerre mondiale ( le blitz à Londres)
Pari réussi pour nous montrer que la résilience dans un monde en guerre passe par l’imaginaire et la création , et surtout pas le travail de transmission tant orale que écrite des grands récits fondateurs.
Un très grand livre à partager et à méditer …
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