La collection 9 et demi nous livre son premier opus consacré à une actrice :Jayne Mansfield (1933 1967) dont les films sont tombés dans un quasi oubli : cet avatar de Maryline n’a sans doute pas eu la carrière qu’elle méritait

Le scénariste J.M. Dupont ancien journaliste dans la presse Rock et Cinéma a déjà raconté dans Love in vain le tragique destin du bluesman Robert Johnson magnifiquement illustré par Mezzo.

Il nous peint une actrice paradoxale à la fois enfermé dans l’image de femme objet ( et pointe la responsabilité de la Fox pour l’y avoir cantonnée ) mais aussi féministe avant l’heure : une femme forte et indépendante, prisonnière de son image de ravissante idiote…

Jayne Mansfield avec un quotient intellectuel (QI) de 163 était une femme cultivée, parlait cinq langues, elle avait même un petit talent de pianiste et violoniste classique.

Roberto Baldazzini, maître italien de l’érotisme,( fan de Magnus auteur des 110 pillules) sait lui rendre hommage en mettant en place des cadrages sublimant sa plastique mais aussi dévoilant sa sensibilité et ses blessures secrètes : sa ligne claire permet de donner un superbe rendu aux couleurs assurés par Nicole Ballini : avec une prédilection pour le rose couleur favorite de Jane lui donnant parfois une dimension kitch mais jamais vulgaire . Passionnée par les roses et les cœurs, ses voitures étaient toutes roses, la piscine de ses villa en forme de cœur….

Notons la préface de Jean Pierre Dionnet véritable cri d’amour pour le dessinateur avec leque il a collaboré pour sa série avortée «  des hommes et des dieux » : on peut encore plus admirer son style dans l’art book noir et blanc qui clôt l’ouvrage

Après des études de théâtre Jane signe en 1956 un contrat de sept ans avec la Fox qui veut ainsi remplacer Marylin Monroe qui s’est séparée du studio : elle va évoluer dans un registre plus populaire et sera souvent sollicitée pour les cocktails de presse ou les calendriers de fin d’année, si bien que les stars hollywoodiennes la snobent…

Mais avec le triomphe de La Blonde et moi, en Jayne Mansfield s’élève au rang de sex-symbol planétaire. Quand elle épouse Mickey Hargitay, alias Monsieur Univers, et qu’elle emménage à Beverly Hills dans son fabuleux Pink Palace, Jayne nage en plein conte de fée. Seulement voilà, à Hollywood on ne goûte guère son tempérament fantasque, et à peine au firmament son étoile pâlit déjà, avant d’entamer sa descente dans les vapeurs de la vodka et la chimie des amphétamines. Bradant ses rondeurs dans des films et des cabarets au rabais, cherchant désespérément le pygmalion qui relancera sa carrière, Jayne s’enfonce dans les ténèbres jusqu’à flirter avec Satan,

Fait notable décrit avec complaisance par le cinéaste Kenneth Anger dans son sordide «  Hollywood Babylone » après son divorce avec Hargitay en 1964, elle est présentée, en 1966 à Anton Lavey leader de l’ Eglise de Satan qui fera d’elle une grande prêtresse honoraire.

Elle disparaît à trente-quatre ans, victime d’une tragique accident de la route qui scellera sa légende : La Vey avait menacé l’amant de Jane Sam Brody (avocat mafieux ) d’un tel sort suite à un manque de respect eu égard à ses rituels ( page 132) ..Contrairement à une légende tenace, Jayne qui est assise entre Sam et le conducteur, décédés également, n’est pas morte décapitée mais d’un écrasement de la boîte crânienne : c’est sa perruque retrouvée hors de l’auto qui lança la méprise.

Tragique destin que celui de cette femme intelligente qui perdit son âme dans le marais Hollywoodien ( c’est aussi l’époque tragique du massacre de Sharon Tate actrice de Rosmary’s baby de Polansky dont La Vey était aussi conseiller ..) : ses films sont difficiles à voir mals diffusés et épuisés en édition DVD ; cet album lui rend un hommage plus que mérité et devrait inspirer ( grâce à la filmographie de fin ) les éditeurs à la remettre dans la lumière des projecteurs ….

https://www.glenat.com/9-12/sweet-jayne-mansfield-9782344017005