Que la force soir avec nous …les trilogies STAR WARS

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Dans Star Wars  »  un nouvel espoir  » ( sorti en 1977) , G. Lucas reconnaît explicitement l’apport de Campbell et de la légende arthurienne . Ce jeune réalisateur qui incarne avec son mentor Francis Ford Coppola l’ esprit rebelle du Nouvel Hollywood vient du cinéma expérimental : son cinéma décrit les affres quasi auto biographiques de l’ adolescence dans  » Américan Graffiti  » et devient plus angoissé dans la dystopie futuriste  » THX 1138  » sous influence Orwellienne .

Lucas tranche avec le monde des anti héros présentés à l’ époque ( Bonnie and Clyde , Apocalypse now ) et veut créer un nouveau mythe pour la jeunesse en s’inspirant de l’ imagerie spatiale développée par Kubrick dans 2001 en 1969 .

Son producteur ( sur les deux premiers volets ) Gary Kurtz a lu Jung et l’aide à simplifier son script complexe en incarnant des archétypes forts .

L ‘histoire se situe dans un espace temps inconnu et incertain : Luke jeune fermier orphelin se retrouve confronté à l’appel d’une princesse pourchassée par l’Empire. Il est tenté de renoncer à l’appel de l’aventure mais ne peut plus reculer suite au massacre de sa famille par les troupes impériales ; il va s’engager auprès de la rébellion et découvrir le monde de la chevalerie Jedi .

Son initiation se fera avec l’ aide d’ un vieux sage Obi Wan Kenobi qui lui apprend à maitriser la Force ( sorte d’ énergie mystique ) à lâcher son mental et à développer son intuition .

Luke est aidé par Han Solo mercenaire égocentrique qui deviendra son ami mais se montre au début son rival face à la belle princesse Leila qui combat avec eux .

L’ Empire mené par Dark Vador et ses sbires échafaude une Etoile Noire capable de détruire des planètes : la menace d’un science sans âme est bien réelle ( Leila assiste à la destruction de sa propre planète ) même si certains robots comme Z6PO et R2D2 sont des servants fidèles de la rébellion.

_ Dans Star Wars, Luke perd son mentor Obi Wan qui va néanmoins continuer à le guider sous la forme d’un esprit. L’ épisode V  »  L’ Empire contre attaque  » ( sorti en 1980 ) est plus sombre que le précédent . L’ initiation du jeune Jedi est confiée au sage Yoda qui l’envoie combattre ses  »  démons  » dans une obscure caverne : on assiste là à une des scènes les plus  »  ésotériques  » du cinéma grand public : Luc fait face à une apparition de Dark Vador qu’il décapite au sabre laser et

s’aperçoit qu’il vient de couper la tête de son double. Belle référence aux cultes à mystères ou l’initié est symboliquement décapité afin de prendre conscience qu’il lui faut lâcher son moi et son mental pour poursuivre son cheminement spirituel.

Mais Luc part sans terminer son initiation d’où sa chute finale face à Dark Vador.

Par ailleurs Han Solo mercenaire ( symbole de l’ égocentrisme ) devenu ami mais aussi rival dans le triangle amoureux avec la princesse Leila est trahi et mis au tombeau (il est cryogénisé pour être livré à Jabba le Hutt envers lequel il était en dette ).

Jusque dans cet épisode on peut considérer Leila comme l’ anima de Luc avec lequel elle échange un chaste baiser , mais cette piste sera abandonnée dans la suite : Leila est en fait sa s’ur jumelle .

Cette notion de jumelité renvoie symboliquement à la notion d’ âme et d’autre en soi ( cf Thomas jumeau de Jésus , Mani et son bien aimé) .

_ Dans Star Wars  »  le retour du Jedi  » ( sortie en 1983) Luke revient en tant que Jedi accompli qui ne cède pas à l’instinct de vengeance, mais a appris la compassion ? Il va sauver son père et devenir instructeur pour les jeunes Jedi ; d’apprenti il devient maitre. Le mal représenté par une deuxième Etoile de la mort semble vaincu.

Mais la suite de l’univers étendu (BD, romans) nous montre qu’il n’en est rien : Sith et Jedi continuent leur éternel affrontement, tel les deux faces d’une même médaille, point de transcendance absolue dans l’univers de plus en plus mercantile de Lucas. : Luke passera même un moment du coté obscur ?

La nouvelle trilogie qui narre la chute d’ Anakin (le héros cède à la colère et la vengeance, devenant alors Dark Vador ) est décriée par les fans qui reprochent à Lucas la création de personnages sans âme (cf Jar Jar Binks) et sa manie de retoucher numériquement la première trilogie : un récent documentaire montre Lucas en Dark Vador, régnant sur son Empire commercial .

Force est de remarquer qu’il n’a dirigé que les épisodes 1à 4 et ne semble plus intéressé que par la production d’un univers étendu (série TV Clone Wars), le jeune réalisateur iconoclaste de American Graffiti et THX 1138 a cédé la place à un businessman avisé ?

Dans cette conception finale on diabolise les forces non maitrisées de l’ inconscient ( haine , passion , colère ) au lieu de se confronter à elles pour les métamorphoser et non les rejeter ..

N’oublions pas que Luke n’a pas fini son initiation ( dixit Yoda dans l’ Empire ) : il devait à l’ origine la terminer dans le retour du Jedi , mais le départ de Gary Kurtz qui avait initié Lucas à Jung et Campbell se fait ressentir sur le scénario qui recopie en partie le premier film( destruction d’une nouvelle étoile noire ) et ajoute des gentils nounours ( les Ewoks au lieu de nous amener chez les Wookies plus complexes ) pour plaire au public jeune .

En fait Luke a surtout développé ses pouvoirs mentaux et cultivé sa personnalité à l’ image de Georges Lucas devenu un véritable  »  capitaine d’industrie  » que certains fans déçus représentent comme un nouvel  »  Empereur  » (21)

Dans Star Wars le côté obscur de la force renvoie à un inconscient non maitrisé ( désirs , passions , haine , colère ?) : faut il renier ces pulsions ou les transmuter en en forces morales supérieures ?

Il semble que Luke comme Anakin apprennent surtout à contrôler et non spiritualiser leur volonté au risque du refoulement et du basculement de l’ autre côté : c’est surtout la puissance mentale qui est accrue . La saga reste ambiguë sur le rapport entre l’ égo et l’initiation : un jedi est il un super égo ou un moine Zen ?

Le concept de  »  Force  » se matérialise au fil du temps : à l’ origine inspiré par la mystique orientale et le cinéma expérimental ( film 21-87 de Artur Lipsett 1964) il renvoit à un conception energétique de la Divinité pour se résumer dans la prélogie à un dérèglement biologique : les midi-chloriens ( micro-organismes présents dans tous les êtres vivants, ils déterminent la réceptivité de l’individu à la Force et donc sa capacité à devenir un jedi . Dans la saga, Anakin se fait remarquer par son fort taux de midi-chloriens, au point que le Conseil Jedi en arrive à penser qu’il aurait pu être conçu par ces organismes.)

Au final ces films restent importants par leur thématique initiatique qui a permis de populariser le monomythe Campbellien mais sont très ambigus sur la question du retour conçu dans une perspective New Age de développement de la personnalité , d’où l’ échec previsible des Jedis que l’on voit dans Star Wars VII , espérons que l’ ermite Luke aura trouvé la source ……

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