Avigon 0ff 2010

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Voilà comme chaque année quelques « perles théâtrales » glanées parmi une vingtaine de spectacles vus pendant 4 jours  .

On commence par rendre hommage à la programmation originale de la maison de la poésie qui a eu la bonne idée de faire une conférence de presse lors de mon premier jour à Avignon !
Sa directrice Marie Jouannic fait durer les festivités jusqu’au 14 aout !
Cette saison est placée sous le souhait «d’un retour définitif et durable de la Poésie» qui se décline sous des formes variées slamée, dansée, mise en musique et en multimédia
Alors soyez curieux : http://www.poesieavignon.eu
Je vous recommande tout particulièrement les artistes suivants :

« Je pense donc je suis « (Descartes slamé!)adaptation et mise en scène de Alain Simon, assisté de Gilles Jolly.Musique : Christophe Paturet – Lumières Syméon Fieulaine
avec Alain Simon et Christophe Paturet au piano

Une performance étonnante et passionnée qui nous remet à l’oreille un remix des 4 premiers livres du discours de la méthode du philosophe Descartes (1596 1650 ).
C’est Régis Debray qui a fait apprendre par cœur ce texte à Alain Simon qui le reprend avec un rythme soutenu « slamé » afin de nous rappeler qu’on peut apprendre à penser par soi même !
Alain semble possédé par ce texte que sa diction renouvelle avec un rythme varié qui alterne méditation et déclamation.
La musique jazzy de Christophe Paturet épouse le texte plus qu’elle ne l’illustre et contribue à nous le rendre plus moderne .
Saluons ici le souci d’Alain Simon de nous faire redécouvrir la pensée Cartésienne loin de ses vulgarisations parfois incomplètes : en effet Descartes était à la fois rationaliste et spiritualiste, il pouvait à la fois prôner une nouvelle faculté de penser librement et l’immortalité de l’âme …
En exclusivité vous pourrez avoir un aperçu de l’œuvre sur : http://vimeo.com/10806867
Et plus d’info sur le site de leur compagnie : http://www.theatre-des-ateliers-aix.com

« Germain Nouveau le mendiant magnifique « : une création de l’Artsénicum théâtre avec Philippe Chuyen et Jean Louis Todisco.
On redécouvre un auteur qui n’a jamais voulu être connu !
Quelques mots en préambule sur cet illustre inconnu: il est né à Pourrières dans le Var en 1851 .Il étudia pour devenir prêtre, puis se tourna vers le dessin (que plus tard il enseigna). À la mort de ses parents , il monta à Paris où il côtoya Rimbaud et Verlaine. Converti , il composa « La Doctrine de l’Amour », ensemble de poèmes qui ne parut qu’en 1904 à son insu .. Il revint un temps à une inspiration plus profane en composant « Les Valentines ». En 1901, suite une crise mystique, il fut interné plusieurs mois à l’asile de Bicêtre. À partir de 1909, il mena une existence errante de mendiant mystique qui le conduisit notamment jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle et  Alger…
Les deux compères de l’Artsénicum théâtre prennent un plaisir évident à mettre en scène les poèmes et la vie de ce poète iconoclaste pour qui la mort est une jouissance ultime !
Le ton est à la fois caustique et grave avec un accompagnement musical à l’accordéon.
La mise en scène originale nous entraine dans un mouvement circulaire qui évoque à la fois la farandole et la routine de nos vies .Le dispositif triangulaire dans lequel s’inscrive les deux artistes symbolise bien la volonté d’élévation d’un artiste écorché vif qui ne su jamais se vendre, mais qui devrait bientôt être réédité dans la pléiade en 2011 !
En attendant voila un spectacle à suivre :
http://germain.nouveau.spectacle.over-blog.com/

« Ernest che Gevara, la dernière nuit », de José Pablo Feinmann mise en scène de Gérard Gélas – Théâtre du chêne Noir – avec Olivier Sitruk et Jacques Frantz .

Une pièce iconoclaste qui se joue de l’espace temps pour donner une vision complexe du mythe « Che »
En confrontant le leader révolutionnaire sud-américain à un journaliste historien contemporain, l’auteur nous fait réfléchir sur la nécessité du recours à la violence comme moteur de l’histoire.
Ce très beau texte  parfois léger et toujours profond est servi par une mise en scène sobre et poétique qui évoque la nuit et ses mirages.
Les deux acteurs principaux se fondent dans leurs rôles et apparaissent tour à tour ennemis et complices, une présence féminine vient chanter la nostalgie des causes perdues .
Au final le Che – avec qui l’on passe les 48 dernières heures de la vie –n’apparaît ni comme un monstre sanguinaire ni comme un surhomme romantique .
A compléter par le visionnage ( de préférence en HD ) de la deuxième partie du film de Steven Soderbergh « Che Guerilla » qui a choisi une option quasi documentaire qui n’ a pas la complexité de cette pièce, mais reste intéressante sur le plan formel et factuel .

 » Mais qui est donc Quichotte ? « de et par DAU et CATEIIA

Après Sacco et Venzetti , le duo comique revisite le mythe de Don Quichotte avec un texte impertinent et burlesque qui questionne le rapport entre rêve et réalité.
Le duo tragi-comique incarne deux acteurs en train de répéter une pièce sur Don Quichotte  anti-héros lunaire: l’un essaye de faire croire à son élève que le personnage est gros et petit et non grand et maigre : le Don aurait donc l’apparence de Sancho !
Qui des deux va l’emporter ? la légèreté ou la gravité ? la raison ou la folie ? le rêve ou la réalité ?
L’air de rien cette pièce est une belle mise en abime de la création artistique, le duo fonctionne a fond dans un registre tragi-comique à l’italienne.
Au final une belle affirmation de la nécessité de rire et de rêver pour rester vraiment en vie …

« Coup de Foudre à l’Ile de Pâques » fable romantique ethnologique et renouvelable de Eric Aubrahn

Voila un beau texte dit par un acteur habité qui joue deux personnages tombant amoureux et une série de fantômes.
La mise en scène est minimaliste, on assiste surtout à une belle performance de conteur qui nous emmène dans la mystérieuse ile de Pâques : ses moais géants nous questionnent tandis que son absence de forêt intrigue .
Voilà une belle réflexion sur la chute des civilisations et la naissance de l’amour qui se double d’un hommage à la pensée holistique de Jean Giono .

« Knut » de et par Fred Toush
Cette pièce est un performance surréaliste et engagée menée à fond de train par un acteur clown bouffon et philosophe .
Le public est confronté à une expérience interactive sensorielle : il reçoit un farfadet farceur dans l’oreille et des armes de destruction massive dans les mains !
Fred, complice iconoclaste d’Edouard Baer, invite à une réflexion sur le besoin de justice dans un monde financier déréglé (symbolisé par Bernard Tapie et sa chanson « réussir sa vie ») il nous fait éprouver la tentation de la lutte armée avant de nous convaincre de la nécessité de retrouver son âme d’enfant .

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