Voila roman graphique très documenté en deux tomes de plus de 190 pages chacun qui nous permet de vivre comme si on y était la genèse du 7éme Art …
L’originalité du scénario est d’en restituer le côté collectif avec le portrait de six personnes qui détiennent le même secret. Et vont se battre pour le faire breveter.
Au début on suit Charles Pathé qui monte son affaire pour se démarquer de sa famille. Il ouvre une boutique moderne dans laquelle il commercialise des phonographes alors que le cinématographe des frères Lumière fait son apparition à Paris. S’ouvre alors un histoire méconnue des débuts du cinéma et des rapports tendus entre les grands entrepreneurs de l’époque dont il nous reste encore les réseaux de salles de cinéma ( Gaumont et Pathé ).
Le sous titre mélodramatique « Une invention démoniaque » fait référence à la polémique qui éclata suite à l’incendie qui suivit un projection au bazar de la charité en 1897.
Le personnage d’ Alice Guy au centre de la couverture se détache vite des autres par son opiniâtreté et sa créativité : son départ aux USA clôt ce premier tome avec brio.
Entre temps on a assisté à une guerre industrielle entre Gaumont , Pathé , Méliès et les Lumière pour une invention dont le sucés n’est au début que très peu assuré.
Dans de second opus l’intrigue se décentre aux USA avec pour toile de fond le parcours singulier et méconnu d’Alice Guy : dés 1900. Pathé, Méliès, Guy et Gaumont se livrent une compétition sans précédent, et les alliés d’hier deviennent les ennemis de demain. Cette conquête pour un nouvel art, où tous les coups sont permis, se voit bientôt bouleversée la Première Guerre Mondiale et laissera nos pionniers fort amers…
Le graphisme de Jean Baptiste Hostache clair et épuré rend un bel hommage à cette époque phare de l’histoire du 7éme art : son trait réaliste favorise une bonne identification aux nombreux protagonistes :il est assisté par Jean Baptiste Merle pour les couleurs qui donnent un ton nostalgique au récit .
On salue ici un travail trés bien documenté qui dresse un portrait moral fort ambigu des créateurs du 7éme art : l’aspect industriel prend souvent le pas sur l’aspect artistique et aux conflits entre compagnies dont celle du terrible Edison , le personnage d’Alice Guy s’en sort le mieux dans cette course au succès même si par la suite elle sera pas mal oubliée …
Une lecture indispensable pour les amateurs de 7éme art .