La voie de la grâce? Tree of Life de Terrence Malick

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Sur une carrière de réalisateur couvrant environ quatre décennies, cinq films seulement portent la signature de Terrence Malick. Tous sont considérés par l’ensemble des critiques comme des chefs-d’?uvre, si bien que l’un d’entre eux, The Tree of Life, a remporté la Palme d’Or à Cannes en 2011.

Terrence Malick est un réalisateur atypique du fait que ses films témoignent d’une ambition manifeste (style ample et cosmogonique, goût prononcé pour les images métaphysiques, épiques, contemplatives ou picturales, tournage sur site ou témoignant d’une proximité avec la nature, etc.) et d’un perfectionnisme formel particulièrement maîtrisé à tout point de vue (cadre, lumière, bande sonore..)..

Talentueux, le cinéaste reste néanmoins mystérieux et n’apparaît que très peu en public et dans les médias : ses contrats de tournage stipulent qu’il ne sera pris aucune photographie de lui et qu’il n’a aucune obligation de faire la promotion de ses films.

Pour Jung « l’arbre représente le SOI comme un phénomène de croissance » : c’est sous ce puissant symbole que se déroule le dernier Malick.

Ce film hors norme mélange drame familial (conflit avec le père, perte du frère, devenir père) et une saga cosmique (genèse du monde, cycle de la vie, naissance de l’empathie chez les dinosaures?) Le héros joué par Sean Penn revoit toute son enfance au moment où il va devenir père. Il prend conscience que pour évoluer, il faut apprendre à pardonner.

Jadis écartelé entre la dualité des deux voies (que choisir : la nature ambivalente symbolisée par le père ou la grâce de ma mère) il se rend compte de la complémentarité des opposés et de l’ambivalence de toute chose. A la fin, il passe une porte dans le désert et accède par là même, symboliquement, à une nouvelle conscience.

Comme 2001, ce film se laisse difficilement analyser par le mental, il parle avant tout à notre c’ur et à notre inconscient.

En outre ce film fleuve s’ouvre par une citation du livre de Job de l’ancien Testament :  » Ou étais-tu quand j’ai créé la Terre ?  » demande Dieu à Job qu’il fait mettre à l’épreuve…

On retrouve cette préoccupation chez Jung dans  » Réponse à Job  » en 1964. Job attend assistance de Dieu contre lui-même. Ce juste est mis à l’épreuve par Satan avec la permission du Dieu de l’ancien testament.

Une des clés de compréhension de cette situation paradoxale est dans la pensée des gnostiques qui ont souvent inspiré Jung.

Dans l’ouvrage, La Gnose des temps présents, le hollandais Jan Van Rijkenborgh insiste sur le fait que pour les gnostiques il y a 2 ordres de nature: le monde instable créé par le démiurge

et le Royaume divin immuable qui n’a pas d’ombre.

Ainsi Dieu est en devenir (immanent et transcendant) en chacun de nous: l’homme serait incomplet ?

Le personnage de Sean Penn fait l’expèrience d’un chemin de connaisance de soi qui l’ amène à la plénitude à travers le pardon …

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